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22 avril 2012
A bas la météo ! Ses porte-parole manquent parfois de fiabilité, et les Arcépiens qui contre vents et pluies annoncés n’ont pas hésité à prendre la route pour aller découvrir ce petit coin d’Ariège s’en frottent encore les mains. Que nenni, pas une averse pour parcourir ces quelques quatre kilomètres de chemins. Monique et Gilles Vacher décidément experts en l’art de concocter des balades comme on concocte de bons petits plats, ont aiguisé notre appétit en parsemant ici et là tout le long de la petite boucle de La Fajolle des drapeaux miniatures à charge pour chacun de nous d’en ramasser un maximum. A l’issue d’un pique nique bucolique, leurs yeux de lynx et/ou l’appât du gain ont permis aux deux vainqueurs de remporter chacun une bouteille d’un délicieux jus de pommes local.
L’heure de la récréation terminée, une charmante guide nous enseignera tous les secrets de l’Eglise de Vals, tout au moins ceux que le temps a permis aux historiens de décoder. On pourrait croire que ce bâtiment, austère et massif, n’est qu’une citadelle, un château laissé là par quelques seigneurs locaux mais au milieu des blocs d’une roche sédimentaire bien connue sous le terme de poudingue, subsistent les vestiges d’un village médiéval, semi troglodytique, qui s’agglutine tout contre le rocher. Une lourde porte de chêne garde l’accès à l’église. En grinçant, elle tourne sur ses gonds, laissant plonger le regard dans la pénombre. Et là, c’est le choc. Utilisant au mieux une faille naturelle, un escalier de pierre paraît s’enfoncer dans les entrailles de la terre et nous donne accès aux restes de cet édifice du Xème siècle. Après un regard sur le baptistère massif, dans son encoche de rocher une lumière nous attire, celle que laisse filtrer une fenêtre, taillée dans le mur d’une abside rectangulaire, et qui nous permet d’admirer les voûtes de cette partie du bâtiment ornées de merveilleuses fresques romanes. Saint Michel, Saint Mathieu, Raphaël et Gabriel entourent le Christ en majesté et gardent le site. Mais au-delà des couleurs, des habits et des positions des divers personnages, un détail frappe : les yeux. Fixes, immenses, ils pèsent sur le visiteur, et les regards des Saints ne paraissent jamais lâcher ceux qui pénètrent en ces lieux. Quelques marches d’un escalier de bois grinçant nous mènent jusqu’à l’ancienne Chapelle du XII. Une tour érigée au XIVe pour devait protéger le village des routiers de la guerre de cent ans. Après cette lente traversée du temps nous nous retrouvons tous sur la terrasse d’où nous pouvons admirer, du St-Barthelemy au Crabère, les crêtes pyrénéennes particulièrement bien enneigées.
C’est la très belle ville médiévale de Mirepoix qui va ensuite nous accueillir. Si le nom de ses habitants « Mirapiciens » ne laisse planer aucun doute, l’’étymologie du nom de Mirepoix semble ne pas faire entièrement consensus, l’occitan « Mira Peis » « qui regarde les poissons », semble remporter le plus de suffrages.
Dépendante du comté de Foix, la ville fut gagnée par le catharisme à la fin du XIIe siècle. Initialement établie sur la rive droite du lit de l’Hers, elle sera inondée au XIIIe siècle par une violente crue. Totalement détruite, elle sera rebâtie immédiatement sur l’autre rive de la rivière, mais par précaution sur une terrasse naturelle surélevée, cédée par le seigneur de Mirepoix.
Tout autour de la vaste place principale particulièrement colorée depuis les années 1970, nous pouvons admirer les couverts et les maisons à colombages, la plupart étant des maisons d’illustres personnages. La Maison des Consuls à elle seule attire tout particulièrement l’attention. La poutre de façade, est un cœur de chêne d’un seul tenant de près de 12 mètres de long et de plus de 60 cm d’épaisseur. 104 sculptures ornent les extrémités des poutres perpendiculaires à la façade, et des piliers de soutènement. Sculptures non dénuées de significations des plus angéliques aux plus obscènes
La visite de la Cathédrale Saint-Maurice clôturera cette belle journée. Siège de l’ancien diocèse de Mirepoix, cet édifice aux proportions assez surprenantes subira au fil du temps de nombreuses modifications. Après un lent abandon où l’on verra disparaitre la plupart du mobilier, accentué par les pillages de la révolution et la suppression de l’évêché, elle sera restaurée au XIXe par Mérimée et Viollet-le-Duc. Ce dernier en fera un édifice au style unique dans le style architectural gothique languedocien, portant la nef de 3m30 à 21m40. Comme d’habitude Viollet-le-Duc aura ses détracteurs, ce qui ne l’empêchera pas, artiste libre, d’appliquer ses principes, à savoir supprimer, rajouter, agrandir et réinterpréter ce qui permettra à cette cathédrale d’acquérir une certaine unité de style.
Annick Hamelain