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Zoom sur le moustique-tigre


L’ARCEP continue et complète son projet de lutte contre les moustiques avec le soutien de la municipalité.

Ce jeudi 4 juillet, salle Jean Ferrat, environ 60 personnes étaient au rendez-vous pour une réunion/débat animée par

Mme Nathalie Castelain de l’Association CPIE Terres Toulousaines(*).

Monique Vacher a ouvert la réunion en rappelant la première action entreprise par l’ARCEP : « Chasse aux moustiques : installons des nichoirs à chauves-souris (pipistrelles) ». En effet, ce petit chiroptère peu connu et en voie de disparition est un prédateur majeur des moustiques. Ce projet a eu un grand succès dans notre village.

Mais un nouvel insecte est arrivé dans notre région en 2013 : le moustique tigre qui vit différemment de notre moustique traditionnel : il est actif le jour et peut être vecteur de maladies. Aussi l’ARS(*) et l’EID(*) ont mis en place une campagne d’information en confiant à des structures comme Terres Toulousaines la capacité d’intervenir par des conférences publiques.

Monique Vacher remercie Mme Sandrine Mörch, députée de la Haute-Garonne, qui nous a parlé de cette campagne officielle et nous a mis en contact avec l’association. Elle remercie également la municipalité de Roquettes pour son aide.

N. Castelain commence sa présentation par quelques rectifications concernant les idées reçues que tout citoyen peut avoir à propos du moustique tigre :

- il ne se reproduit pas dans les mares (faune aquatique prédatrice), ni dans les piscines, mais dans les petits trous d’eau, particulièrement dans les jardins : on parle de gites larvaires.

- le changement climatique n’est pas la cause de l’invasion

- il ne pique que le jour.

Les problématiques qui vont être abordées pendant cette réunion sont principalement :

- cycle de vie du moustique tigre (vie, origine, voyages/déplacement)

- l’enjeu santé

- vivre avec les moustiques : la protection, la lutte

- et demain ?

 

1/ Le cycle de vie d’un moustique tigre

- son nom scientifique, aedes albopictus, signifie « ponctué de blanc ; on le reconnait en effet à sa petite taille et à ses petits points blancs.

- son origine : Asie du Sud-Est

- arrivé en Europe fin des années 70, puis en Italie, enfin en France en 2004

- c’est un produit de la mondialisation (probablement arrivé par le commerce des pneus où l’eau stagne facilement).

- c’est une espèce urbaine

- il peut se développer dans des eaux claires

- la femelle pond ses œufs dans une zone sèche susceptible d’être immergée. En effet, ses œufs peuvent se mettre en diapause, c’est-à-dire qu’ils résistent à la sécheresse ou au froid ; ils vont éclore dès qu’ils seront immergés.

- il faut compter 5 à 7 jours entre la ponte et l’éclosion des larves, qui vont passer par le stade de nymphes

- une femelle peut pondre jusqu’à 1000 œufs dans sa courte vie

- l’adulte vit environ 1 mois

- seule la femelle pique les humains (ou les animaux) car elle a besoin de sang (source de protéines pour sa progéniture).

- la stratégie du moustique tigre est la chasse à l’affût : il ne sort qu’à certaines heures de la journée et vole au ras du sol (mauvais planeur), c’est pourquoi il pique souvent au niveau des chevilles et des jambes.

- il vole mal et ne se déplace que dans un rayon de 150 m. Sa propagation se fait principalement via les axes routiers car il monte en voiture avec nous. Progressivement, il va gagner l’ensemble de la France.

2/ L’enjeu santé – Gestion du risque

Le moustique tigre est une grande nuisance et peut effectivement être le vecteur de nombreuses maladies.

Comment se transmettent ces maladies ?

- ce n’est pas directement le sang bu sur la précédente victime qui infecte la suivante, mais la salive que le moustique tigre injecte dans sa victime pour fluidifier le sang.

Principales maladies :

- la dengue : elle peut avoir des complications potentiellement mortelles. Elle ressemble au syndrome grippal.

- le chikungunya : se manifeste par des douleurs dans les articulations

- le zika : transmis par les moustiques, mais aussi par voie sexuelle.Symptômes : fièvre modérée, éruption cutanée (conjonctivite et douleurs musculaires et articulaires. Normalement, ces symptômes disparaissent en 2 à 7 jours. Très dangereux pour les femmes enceintes car risque de malformations fœtales.

Toute personne qui revient d’un voyage dans une région où ces maladies sont présentes devrait à son retour tout faire pour ne pas se faire piquer par un moustique et transmettre ainsi la maladie. En effet, la maladie met 7 jours à se déclarer après la piqure. Pendant 7 jours, on ne sait pas si on est malade ou non.

Gestion du risque :

- Qu’en est-il en Haute-Garonne ?

L’A.R.S. (Agence Régionale de Santé) a mis en place, dans le cadre national d’une vigilance, un plan anti- dissémination. A l’heure actuelle, les « cas autochtones » sont pris très au sérieux. Dans le cas de détection de l’un de ces cas, mise en place d’un traitement adulticide (contre les moustiques adultes), mais le produit utilisé n’est accessible qu’à l’organisme EID-Méditerranée (*).

Dès qu’un cas de maladie est avéré, l’action est très rapide et après enquête, une pulvérisation se fait à l’aube dans un rayon de 150 m autour du lieu où le malade s’est fait piquer. La population est avertie. Le produit a pour but de tuer le moustique adulte.

Pour l’instant, une seule molécule est connue pour éradiquer le moustique-tigre. Une utilisation généralisée causerait des dégâts environnementaux et risquerait de rendre le moustique résistant à cette molécule qui doit être gardée en cas d’épidémie.

Plusieurs questions ont été posées :

« Au Brésil, il a été mis en place une action spécifique consistant à relâcher de nombreux moustiques tigres mâles irradiés, donc stérilisés, pour qu’ils fécondent des femelles qui deviennent stériles à leur tour. »

Réponse : difficile d’appliquer en France et, de plus, nous ne connaissons pas l’impact sur l’environnement que peut avoir cette opération.

« Sur la carte de répartition en France de l’invasion du moustique tigre (zone rouge) il semble que le Nord du pays et une partie du centre (Massif Central) ne soit pas touchés, pourquoi ? »

Réponse : le climat (températures plus basses) peut être un frein, il y a moins d’échanges commerciaux avec le Massif Central. On peut compléter les informations en précisant que les Pyrénées ne sont pas touchées, toujours pour des raisons climatiques.

« Les voyageurs qui partent vers les destinations à risques (Asie, ile de la Réunion…) sont-ils bien informés ? »

Réponse : en principe oui, notamment dans les aéroports. L’information existe, le voyageur doit chercher à s’informer.

3/ Vivre avec le moustique tigre : protection et lutte

- le froid le fait fuir, il vit plutôt dehors que dedans

- pour la lutte, à l’heure actuelle, il n’y a pas de solution miracle, on ne peut donc pas parler d’éradication

- on reste dans une lutte de confort, c’est-à-dire :

- il faut traquer le moustique : recherche des gites larvaires partout dans son jardin ou sur ses terrasses.

- on sait que 80% de ces gites sont dans le privé, il faut donc se mobiliser de manière collective

- 20% sont dans le domaine public qui doit donc se montrer exemplaire.

Méthodes de lutte : gestion de l’eau dans les jardins avec suppression systématique de tous les lieux susceptibles de se transformer en gites larvaires, et vérifier souvent si d’autres ne se sont pas créés

(soucoupes sous les pots de fleurs, gamelles pour les animaux, regards d’évacuation, rigoles, gouttières, jouets d’enfants). Il est possible de protéger tout ce qui est récupérateurs et réserves d’eau en les couvrant de façon hermétique ou en apposant un voilage moustiquaire (moins de 5 mm).

Se protéger :

- porter des vêtements amples, couvrants, de couleur claire. Le moustique est attiré par le CO2, donc il faut exposer le moins de peau possible.

- ventilateurs (ex. 2 ventilateurs sous une table si on veut déjeuner dehors…)

- moustiquaires aux fenêtres

- les prédateurs : la chauve-souris n’est pas, hélas, très efficace contre le moustique tigre qui vit le jour ; elle ne le rencontre qu’en début de soirée. Par contre, hirondelles et mésanges sont très utiles.

- les pièges :

- il en existe qui ciblent l’adulte avec émission de CO2 et parfois ajout d’une molécule, mais ils ne sont pas sélectifs (impact sur la biodiversité). Ne pas les disposer près des humains, plutôt loin ou dans un endroit où on ne se rend pas souvent.

- les pièges avec bonbonne de gaz : très efficaces, mais là aussi, impact sur la biodiversité. Les mettre très tôt en saison.

- les pièges-pondoirs : conçus pour attirer les femelles qui viennent pondre et ne peuvent pas ressortir, idem pour les larves qui restent piégées. Les disposer très tôt en saison.

- les répulsifs : ceux d’origine végétale ne sont pas très efficaces. Idem pour les plantes telles que la citronnelle ou le lavandin. Si elles peuvent se montrer efficaces dans un premier temps, le moustique s’y habitue. On peut dire la même chose des huiles essentielles, telle que le géraniol.

A la question : « y a-t-il des précautions spécifiques pour les enfants ? » la réponse : pas précisément, le mieux étant des les protéger par des vêtements couvrants et d’utiliser des ventilateurs.

Remarque : la revue « Que choisir » vient d’éditer un article très intéressant sur le moustique tigre.

4) Et demain ? Perspectives

- Il existe, malheureusement, d’autres espèces vectrices de maladies qui risquent d’arriver !

- On n’éradiquera pas le moustique-tigre et il va falloir changer nos pratiques individuelles et collectives.

- On peut espérer une évolution de l’urbanisme (éviter les toits plats, mettre des moustiquaires sous les vérandas, conception d’équipements sans rétention d’eau) ainsi qu’une évolution de nos habitudes quotidiennes…

L’implication de chacun est nécessaire pour le bien de tous. Exemple à Toulouse des « Brigades du Tigre » ont été créées par des habitants de certains quartiers pour lutter contre cette nuisance.

Monique Vacher remercie Nathalie Castelain pour sa prestation de qualité et clôture le débat.

(*) CPIE Terres Toulousaines ( http://cpieterrestoulousaines.org/ )

(*) ARS : Agence Régionale de Santé

(*) E.I.D. Méditerranée : Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen

En complément de ces informations, voir le document joint édité par EID Méditerranée

 

 


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Documents joints



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