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Balade dans le Tarn (Hautpoul, Mazamet)


Est-ce la promesse du grand vertige ? Nous étions 45 Arcépiens à prendre la route de bon matin vers la Montagne Noire, ce dimanche 24 mars.

Près de deux heures plus tard, c’est au parking du Moulin de l’Oule que nous nous sommes retrouvés pour embarquer dans une navette confortable, sous la houlette de Vincent notre guide qui allait, toute la journée, nous raconter avec talent ce pays qu’il connait si bien. Quelques-uns d’entre nous, à la réputation non contestée de « sportifs », sont montés à pied vers le village de Hautpoul que nous devions visiter.

Elle est étroite et sinueuse la route qui nous mène là-haut, d’où l’on domine la région. Sombre aussi, n’oublions pas que la Montagne Noire doit son nom à la densité de la forêt qui la coiffe du côté du Cabardès. Hautpoul, c’est un tout petit village mais son histoire est riche. L’origine du nom ? Rien à voir avec la femme du coq, il est coquin ce Vincent, les Arcépiens présents comprendront, mais tout simplement du latin « oppidum » (sur les hauteurs). Nous allons en connaître tous les secrets. C’est un roi Wisigoth qui construisit les premiers contours de la forteresse avant d’être chassé vers l’Espagne par Clovis qui donnera un nouvel essor au village. Quelques siècles plus tard, Simon de Monfort assiègera la citadelle convertie au catharisme. Les châteaux dont on peut reconnaître certains vestiges seront à leur tour assiégés. Les habitants, chassés de leur village, s’installeront alors dans la vallée, au bord du fleuve, l’Arnette. Ce sera la naissance de Mazamet, que nous apercevons en contrebas.

Au XVIème siècle, les guerres de religion opposeront catholiques et protestants, mais le village ne cessera d’affirmer sa position stratégique.

Nous nous attardons pour découvrir un peu plus ce lieu dont l’une des caractéristiques est d’être mégalithique, avec de nombreux menhirs dont quelques-uns n’ont rien à envier à la Bretagne. L’un des plus importants, le Menhir de Prats, a une hauteur de 4 mètres. Nous sommes séduits aussi par ces maisons de pierre sombre, certaines à pans de bois et à encorbellement. Le lavoir, reconstruit il y a quelques années, a perdu son charme d’antan, mais on ne peut contester sa beauté actuelle.

Au sommet des rochers, son enfant dans les bras, l’imposante vierge Notre Dame d’Hautpoul, réalisée par le sculpteur Alos en 1949, semble veiller sur le village et toute la vallée.

« Prévoir chaussures adaptées, personnes sensibles au vertige ou ayant des problèmes de mobilité, s’abstenir » ……Ces conseils de notre Présidente, toujours bienveillante avec ses ouailles, furent suivis à la lettre et c’est en toute confiance que nous nous sommes engagés sur la fameuse passerelle, annoncée chargée d’émotion.

C’est un chemin aérien de 140 mètres de long, récemment construit, qui surplombe les gorges à 70 mètres de hauteur. Elle relie le village de Hautpoul à l’Eglise Saint Sauveur. La vue sur la vallée y est exceptionnelle lorsque, ne souffrant pas du vertige, on ose y jeter un œil. Parmi nous les Arcépiens, il n’y eut que des courageux et le pont suspendu fut franchi sans encombre.

La faim commençant à nous titiller nous avons pris le chemin du restaurant « Le Grand Balcon ». Le lieu est élégant, très design, les miroirs de Starck (signés) en sont l’un des témoignages. Le rituel kir arcépien précéda le menu traditionnel, fait maison, apprécié de chacun, et c’est « requinqués » que nous reprîmes notre périple vers la visite de Mazamet.

Souvenons-nous, ce gros bourg fut créé au bord de l’Arnette par les habitants de Hautpoul fuyant Simon de Montfort. Après avoir subi les guerres de religion c’est plus tard, au XVIIIème siècle, à l’initiative d’industriels locaux, que naîtra ici le centre mondial du « délainage », traitement des peaux de moutons.

Bonne initiative que de commencer cette visite par la projection d’un film ancien retraçant l’épopée industrielle de la ville. Sa période glorieuse où la laine provenait de la tonte des moutons de la région, puis l’importation de laine d’Argentine, due aux difficultés d’approvisionnement suffisamment conséquent. La technique du « délainage à l’échauffe », facilitant la séparation de la laine du cuir sans les endommager, viendra relancer l’industrie. Un commerce florissant s’installe alors entre les comptoirs d’achat des pays producteurs et les centres de délainage. Dans les années 1970 l’épopée touchera à sa fin, les textiles modernes auront gagné la bataille et l’économie du pays sera durement touchée.

Pendant la période de prospérité, où pour 15.000 habitants Mazamet, surnommée alors la « petite Genève française » ne comptait pas moins de 26 banques, les riches industriels firent construire de somptueuses demeures, qui restent aujourd’hui le symbole de cette période dorée.

Notre guide va nous faire visiter l’une d’entre elles : superbe salle de réception aux très hauts plafonds, magnifiques parquets, riches vaisselles et mobiliers d’époque. A l’étage, de nombreuses chambres. Le sous-sol est réservé au personnel. Aujourd’hui, la plupart de ces immenses et somptueuses maisons, d’un style néo-classique, à la toiture « à la mansart », entourées de très grands jardins, sont habitées par les notables de la ville ou ont été rachetées par des britanniques qui les ont transformées en maisons d’hôtes.

Sur une placette, notre guide cueille une petite fleur jaune, elles abondent ici, il s’agit de la fleur de Séneçon. Sous un aspect charmant, elle cache bien son jeu. Extrêmement toxique, elle est nommée « la fleur du mal » et c’est une vraie calamité. Heureusement, nous avons pu nous en détourner pour admirer les camellias, qui foisonnent dans les jardins des jolies demeures, et sont encore en fleurs pour quelques jours.

Une fois de plus l’Arcep nous a permis de profiter d’une journée, riche en belles découvertes. Merci à Colette qui en fut l’organisatrice.

Peut-être que sur le chemin du retour les pensées de certains se seront égarées vers Saurimonde, la fée d’Hautpoul qui, un jour, a perdu son joli peigne d’or dans la rivière....etc...

Annick Hamelain

Photos Jean-Louis


calle