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Dimanche 25 octobre 2015
Changement d’heure : en AVril AVance les aiguilles, en OctobRE REcule les aiguilles. Ouf ! Nous avons eu droit à une heure de plus de sommeil ce dimanche matin avant de prendre nos « co-voitures » pour aller au pays du Safran, savamment appelé « crocus sativus".
On se demande si Monet n’est pas passé par là avec sa palette de couleurs, si nous n’avons pas par magie pénétré dans l’un de ses tableaux. Cette petite route sinueuse bordée de grands arbres est d’une émouvante beauté. D’ailleurs, curieusement, dans sa multitude de jaunes, d’ors et de verts, on retrouve certaines teintes du précieux épice, le safran, qui le jour même est mis à l’honneur dans le Quercy.
A Calvignac, Monsieur Burg, safranier du village, nous accueille au bord de son champ. Il nous explique toutes les réalités de la culture de cet épice si prisé, mais aussi si onéreux. Ledit champ est plutôt clairsemé mais on a bien compris que, dans la nuit, quelques milliers de fleurs pourront à nouveau éclore. Taux de floraison extrêmement variable pouvant aller de 20% à 300% et plus.
Ce qui fait la difficulté de la culture du safran, c’est cela, l’impossibilité de prévoir, et quand on sait qu’une fois la fleur éclose, il faut dans la journée même délicatement en prélever les stigmates, Monsieur Burg ne peut compter que sur la famille et les amis proches. Deux jours seulement pour émonder et sécher, sinon la récolte est perdue. Lutter en permanence contre les prédateurs, lapins, sangliers, rats-taupiers et taupes est aussi une nécessité. En fait un travail de chaque instant sur une courte période de l’année.
A quelques kilomètres, dans la grande salle du village de Cajarc, un repas est servi aux visiteurs, un menu « Tout safran du Quercy ». De la soupe au pain de campagne trempé, appelée Mourtayrol, au clafoutis aux cerises en passant par les pieds de porc accompagnés de pommes vapeur et de riz, et d’un excellent fromage Rocamadour, nous sommes comblés.
Un petit tour sur le marché des spécialités locales et régionales, avant de déambuler dans les rues tortueuses dont les noms nous rappellent que le village fut prospère et très commerçant. Nous pouvons nous extasier sur les maisons qui, pour beaucoup, ont subi les affres du temps, mais où l’on retrouve les vestiges d’un bâti médiéval de qualité.
Les portes des échoppes en font l’une des particularités. Nous visitons l’église, datant du XIIIème siècle, restaurée. Pour la petite histoire, rappelons que ce fut le village de naissance de Françoise Sagan, que Georges Pompidou y passa de nombreuses vacances, mais aussi que Coluche qui fréquentait avec assiduité le café « Chez Moulino », trouva ici l’inspiration pour son célèbre sketch « Le Schmilblic ».
Notre dernière halte sera le Château de Cenevières, l’un des plus beaux châteaux Renaissance du Quercy construit sur un piton rocheux au cœur d’un parc naturel régional.
Nous avons l’honneur d’être reçu par le Maître de Céans, le Marquis de Braquilanges. Surprenant personnage vêtu d’un costume strict, qui semble avoir connu personnellement tous nos illustres personnages de l’histoire, tous les grands de ce monde, de toutes les époques. C’est là l’une de ses facéties. Le jeune homme n’a cependant que 95 ans et c’est avec une verve intarissable, une passion communicative qu’il nous conte l’histoire de ce Château, dans sa famille depuis 1793, où il vit une partie de l’année. La visite sera parsemée d’anecdotes et d’histoires truculentes. Par ailleurs aucune date, aucun fait aussi précis soient-ils ne semble lui avoir échappé.
Au premier étage après avoir emprunté une jolie galerie de style toscan nous pénétrons dans une grande salle. Les poutres du plafond sont peintes, tout autour de surprenants dessins, représentant Constantinople, redécouverts il y a moins de vingt ans lors d’une restauration. Le cabinet d’Alchimie surprend. Peu d’explications sur les raisons de son existence en ce lieu. Les peintures murales, nous interpellent, l’imagination de notre hôte est prolixe pour nous décrire ce qui ressemble à des scènes de la mythologie grecque.
Le château, habité par la famille, et cela se ressent lors de la visite, est restauré en permanence. Des vestiges du passé qui avaient au fil du temps été plus ou moins escamotés son remis à jour. C’est ainsi que la superbe petite église romane, longtemps encombrée d’objets inutiles et de gravats fut un beau matin débarrassée, par le Marquis lui-même, qui demanda qu’elle soit à nouveau consacrée. Au milieu l’autel, qui pendant plus d’un siècle, les propriétaires l’ignorant, avait tout simplement servi de table de jardin ! Une Vierge veille, notre guide a une petite anecdote à nous raconter, mais « chut, les paroles s’envolent mais les écrits restent ». Allez lui rendre visite avec vos amis, comme nous pas un instant ils ne s’ennuieront.
Avant de quitter les lieux, un dernier regard sur la Vallée du Lot que nous dominons. Nous n’avons pas vu le temps passer. Merci Monsieur le Marquis.
Merci aussi à Solange et Serge Brugnerotto qui nous ont concocté cette journée une fois de plus totalement réussie, qui nous laissera bien des souvenirs.
Annick Hamelain
Photos de JL.Albault & S.Brugnerotto
(voir le diaporama en annexe)