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Entre Nature et pierres
Nous étions 33 ce dimanche 12 octobre, sous un magnifique soleil, à avoir répondu à l’invitation de l’ARCEP qui nous proposait de découvrir deux sites aussi différents que le musée de la mine à Cagnac les mines et le village médiéval de Monestiès.
Situé à quelques kilomètres d’Albi, dans l’ancien bassin minier du Carmausin, le musée de la mine est créé en 1989 par une équipe d’anciens mineurs afin de sauvegarder un patrimoine industriel et de transmettre une mémoire ouvrière vieille de sept siècles.
A la fin du XIXe siècle, deux sociétés des mines exploitent le bassin minier : la Société des Mines de Carmaux, fondée en 1810, et la Société des Mines d’Albi, créée en 1890. Toutes deux vont structurer le territoire en érigeant des puits de mine, transformant ainsi le paysage rural en lieux d’exploitation industrielle du charbon. En 1946, avec la loi de nationalisation, les mines privées deviennent mines d’Etat. Dans les années soixante dix, l’exploitation du charbon dans le bassin commence à décliner jusqu’en 1987, date de la fermeture du dernier puits dans le Tarn. Une exploitation à ciel ouvert relaie l’exploitation de fond : la mine de la Découverte voit le jour et fonctionne jusqu’en 1997, date de l’arrêt définitif du charbon dans le Tarn.
Notre guide, petite fille de mineur , nous a accompagnés avec enthousiasme dans la descente de cages jusque dans 350 m de galerie reconstituée afin de nous faire partager le travail du mineur et ses conditions de vie. Grâce à elle l’extraction du charbon, le travail des boiseurs qui consistait à préparer les galeries pour l’extraction, le transport grâce aux chevaux puis aux wagonnets et même le ressenti du coup de grisou n’ont plus de secrets pour nous. Nous avons ainsi revécu le quotidien du mineur de fond qui y passait 8h avec le risque d’éboulements, de coups de grisou, les bruits assourdissants et la nuit noire éclairée par la faible lueur d’une lampe : il fallait du courage pour descendre tous les jours risquer sa vie dans la mine. De ces rudes conditions de travail résultent une grande solidarité et une amitié sincère.
Ces liens solides et le contexte social du début du XXe siècle ont donné naissance à la grande famille des mineurs.
En parallèle le musée possède une exposition permanente sur Jaurès le grand défenseur des mineurs du carmausin et sur l’histoire de la mine et des mineurs.
Revenus à l’air libre, c’est par une route pittoresque, au milieu des champs et des vignes (Gaillac n’est pas très loin.. ) que nous avons mis le cap vers la ferme auberge de Salles sur Cérou, où nous avons pu apprécier un excellent déjeuner gastronomique qui laissera de bons souvenirs à tous
Enfin, il était temps de découvrir Monestiès. Monestiès qui tient son nom de « monastère » est un charmant village lové dans une boucle du Cérou autour de son église Saint Pierre. De l’église romane détruite lors des guerres de Religion on a conservé la base du clocher avec les fenêtres murées, le chœur situé sous le clocher est devenu chapelle de la nouvelle église gothique (1550). Sous le porche se trouve une intéressante croix pour les récoltes ornée d’un côté d’un christ en croix et de l’autre d’une Vierge Marie. Cette croix, d’époque médiévale, était à l’origine sur un fût qui pivotait. Elle était destinée à protéger les cultures. Lorsque l’orage menaçait, les paysans tournait la vierge vers les nuages chargés de pluie et de grêle pour les éloigner….
Monestiés, classé parmi les plus beaux villages de France, est un village médiéval pittoresque où il fait bon se balader le long des lices verdoyantes jusqu’au pont de Candèze, et dans ses ruelles pittoresques à la rencontre des vestiges du passé : anciennes fortifications, fontaine du Griffoul, maisons à colombages et autres architectures remarquables …
Si la chapelle Saint-Jacques, ancien hôpital, n’accueille plus les pèlerins de Compostelle, elle renferme en son sein un mobilier exceptionnel dont un retable du XVème siècle composé de 20 statues polychromes qui ornaient la chapelle du château de Combéfa, résidence d’été des archevêques d’Albi.
Cet ensemble statuaire impressionne par sa taille grandeur nature. Les personnages sont d’un réalisme très novateur pour cette période (1490). Les expressions du visage, les contours et les postures ne laissent pas indifférents. Sculptées dans la pierre calcaire polychrome, l’ensemble représente la passion du Christ et semble en mouvement. Ce statuaire commandé par Louis 1er d’Amboise évêque d’Albi est aujourd’hui une œuvre majeure de la région et unique en Europe.
Dans un tout autre registre, nous avons fini la visite de ce charmant village par le musée Bajen-Vega qui expose des œuvres espagnoles de deux artistes ancrés dans le XXème siècle. Fuyant l’Espagne franquiste en 1939, Martine Vega et Francisco Bajen arrivent dans le Tarn. Conquis par le charme de Monestiés ils s’installent dans une ancienne maison seigneuriale du XVe siècle. Dans ce même lieu, aujourd’hui, les œuvres des deux artistes se répondent et se complètent. « Le peintre du silence » et « la dompteuse des couleurs » nous ont laissé des tableaux où se mêlent souffrance de l’exil, spiritualité et quête intérieure.
Merci à Solange et à Serge pour cette magnifique balade à travers les siècles.
Colette