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Nous les Arcépiens, curieux de nature, avons voulu en savoir un peu plus sur le trésor de l’Abbé Saunières qui, depuis près d’un siècle, fait gamberger les esprits. Bien qu’on ne puisse douter de son authenticité, de nombreuses zones d’ombres jettent un voile sur son histoire et ce ne sont pas moins de six cent ouvrages aux versions plus ou moins farfelues qui ont tenté de nous démontrer ce qu’en fait personne ne sait encore de nos jours.
Une fois de plus nous avons donc, tôt le matin, pris notre bâton de pèlerin pour nous rendre au Pays de Couiza et plus précisément à Rennes le Château, fief de l’abbé. C’est un petit bourg situé dans les Corbières. Perché sur un piton rocheux on y accède par une montée abrupte de quelques kilomètres.
A son arrivée en 1887, Béranger Saunières entreprend, et ce grâce à de nombreux dons, la restauration de l’Église Sainte-Madeleine qu’il a trouvée fort délabrée. C’est au cours de ces travaux que des ouvriers, à plusieurs reprises, mettront à jour certains trésors, parchemins, pièces d’or et autres que par ruse l’abbé se serait appropriés. Dès que vous en franchissez le porche, après avoir lu la devise « Terriblis est locus isle » (Terrible est ce lieu), vous êtes accueilli par Asmodée l’horrible diable boiteux qui plie sous le poids du bénitier en forme de coquille St-Jacques. Peintures en relief de style populaire, dallage en damier noir et blanc, stations de chemin de croix à contre-sens, fresques et statues, tout ici est interprété par les chercheurs comme une représentation hermétique des douze caches du trésor ainsi que comme l’appartenance éventuelle de Béranger Saunières à des milieux occultes. On y retrouverait même la signature franc-maçonnique.
Au musée, nous pouvons voir le pilier wisigothique plusieurs fois retourné, dans lequel auraient été découverts les premiers parchemins. Puis, en visitant son modeste lieu de vie, nous entrons dans l’intimité de l’abbé. Bien que portant soutane, il demeurera un « homme libre », personnage à multiples facettes, quelque peu roublard qui sut s’approprier le fameux trésor dont il est bien difficile de suivre la trace. Sans vergogne, il aura su bafouer certaines convenances de l’église, allant jusqu’à ne pas attendre l’âge canonique de sa servante pour la prendre à son « service ». Les mauvaises langues en ont fait les gorges chaudes, mais pour la remercier de sa fidélité, et surtout ne pas céder ce qui fut sa raison de vivre à des autorités qu’il disait méprisantes envers lui, il fit de la douce servante l’héritière et du trésor, et du domaine. Elle sut prendre soin de ce dernier jusqu’à ce que l’âge venant, elle trouve des amis suffisamment accueillants pour le leur transmettre. Pour ce qui est du trésor, le secret apparemment fut bien gardé par la servante soumise. Certains parlent de milliards de francs. On comprend alors mieux pourquoi des milliers de chercheurs venus du monde entier ont pioché, creusé, sondé, dynamité… dans l’espoir de mettre à jour or, argent et bijoux jusqu’à ce que ces pratiques, mettant à mal les fondations même du lieu, soient sévèrement réglementées.
En fait, tout dans cette énigme oscille entre mystère et mystification. Certains disent même que Dan Brown s’en serait inspiré pour écrire son Da Vinci Code.
Pendant toute la journée l’histoire du trésor de l’abbé à hanté nos esprits ce qui ne nous a pas empêchés, après nous être restaurés, d’aller visiter le Château d’Arques, chef d’œuvre de l’architecture gothique, très belle empreinte du catharisme.
Le soleil qui avait avec bonheur remplacé la pluie annoncée par la météo nous avait quelque peu assoiffés. C’est la piètre excuse que, sans vergogne aussi, certains Arcépiens dont nous tairons les noms, ont trouvée pour que nous allions déguster ce délicieux vin pétillant nommé « blanquette ».
Annick Hamelain